La rentrée de France Inter a été marquée par une première ce 25 août 2025 : la matinale a débuté différemment, perturbée par une action syndicale qui a obligé la station à diffuser 45 minutes de musique à 7h, au lieu de l’émission habituelle. Cette interruption concerne aussi des services en coulisses et a affecté Radio France et Radio Culture, sans toutefois toucher franceinfo.
Une matinée bousculée par la grève
Le mouvement a pris la forme d’une grève illimitée, dont le préavis avait été déposé le 11 juillet 2025 par les syndicats CFDT, CGT, FO, SNJ, SUD et UNSA. Les auditeurs présents au réveil ont donc d’abord entendu une longue séquence musicale avant que la matinale ne reprenne le cours normal des programmes à 7h45, lorsque Nicolas Demorand a pu reprendre l’antenne.
La direction de la matinale, désormais conduite par Nicolas Demorand, avait vu le départ de Léa Salamé au début juillet 2025. Demorand était, ce matin-là, accompagné de Benjamin Duhamel, nouvel arrivé dans l’équipe. La reprise de l’antenne s’est faite sans effusion, avec le passage immédiat à la chronique de Mathilde Serrell, « Un monde nouveau ».
Les motifs invoqués par les syndicats
Les organisations syndicales ont justifié leur mouvement « contre la stratégie éditoriale et contre les réformes menées par la direction » de Radio France, selon la formulation qu’a rapportée Nicolas Demorand lors de la reprise de l’émission. Parmi les griefs évoqués figurent plusieurs décisions managériales et des changements attendus au sein des antennes.
Dans le viseur des grévistes : Sibyle Veil, la présidente du groupe, et ses orientations. Ils dénoncent notamment le projet d’arrêt de la diffusion de la station Mouv’ sur la bande FM, ainsi que des changements éditoriaux annoncés pour Ici, le réseau anciennement nommé France Bleu, qui regroupe les radios locales publiques.
Autre point de tension : la disparition programmée, selon les syndicats, d’émissions d’investigation et de reportages. Ces suppressions seraient, pour les salariés mobilisés, symptomatiques d’une stratégie de recentrage jugée défavorable au journalisme de terrain.
Un contexte de tensions et de réformes
La mobilisation du 25 août n’est pas un fait isolé. Déjà entre le 26 et le 29 juin 2025, puis début juillet, des mouvements similaires avaient perturbé la station. Ces derniers épisodes avaient d’abord visé le projet plus large de réforme de l’audiovisuel public porté par la ministre de la Culture, Rachida Dati.
Le texte controversé prévoit la création d’une holding, France Médias, chargée de définir des orientations stratégiques communes à France Télévisions, Radio France et l’Institut national de l’audiovisuel (INA). Ce projet a déjà franchi une étape parlementaire : il a été adopté au Sénat en juillet par 194 voix pour et 113 voix contre, avant d’être transmis à l’Assemblée nationale.
Ces évolutions institutionnelles alimentent l’inquiétude de certains salariés et syndicats, qui voient dans la concentration des instances un risque pour l’indépendance éditoriale et la diversité des contenus.
Nouveaux visages et retours dans la matinale
Malgré la tension sociale, plusieurs nouveautés de rentrée ont pu faire leur entrée sur l’antenne. Benjamin Duhamel, récemment venu de BFMTV, a effectué sa première prestation et a interviewé Amélie Nothomb. Bertrand Chameroy, autre recruté, a aussi été présent et a commenté la situation avec humour, rebaptisant la « Grande matinale » en « minitinale » pour évoquer la session réduite du matin.
Le retour d’habitués a aussi ponctué cette reprise : Patrick Cohen a retrouvé l’édito politique, marquant son retour à l’antenne pour la saison. Ces mouvements témoignent d’une rentrée qui conjugue renouvellement des voix et tension revendicative.
La situation reste à suivre : la grève ayant été déclarée illimitée, d’autres perturbations ne sont pas à exclure dans les jours à venir, tandis que les discussions entre la direction et les syndicats se poursuivent en arrière-plan. Les auditeurs, quant à eux, ont retrouvé une matinale partagée entre information, chroniques attendues et une actualité sociale prégnante.